Poèmes

Vilain

par Germain Nouveau

Germain Nouveau

J'ai connu, Madame, une Dame,
Moi vilain petit paysan,
Aussi grande de cœur et d'âme
Que... la plus grande et... fine lame
Et... pleine d'esprit... jugez-en.

Un soir, mon âme était complète,
Comme dit, après avoir bu,
Le jeune homme qui fait la fête ;
De vrai, je n'avais plus ma tête,
J'étais totalement fourbu.

J'avais l'esprit un peu morose ;
Je ne sais ce qui traversa
Ma cervelle, pour quelle cause...
« Comment, perdîtes vous... ta rose ?
Oui, Madame, contez-nous ça. »

Ah ! que notre bêtise est grande !
Doux Jésus ! Amour de Sion !
Ma langue à vous se recommande...
Oui... car... pourquoi cette demande,
Ou plutôt... cette question ?...

Comment perdîtes-vous... Ta rose ?
Et j'attendais, me tenant coi.
Alors, tout doucement, sans pose,
Comme on dit, hélas ! quelque chose
En songeant à n'importe quoi.

« Bien simplement. » répondit-elle.
N'est-ce pas céleste et charmant ?
Cette réponse est immortelle.
Je voudrais d'un flot de dentelle
Encadrer ce : Bien simplement !

Extrait de: 
Valentines (1885)



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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