Dans le silence, à coups très doux, les heures tombent;
Dans le silence, à pas très doux, par le verger,
Un ange triste est arrivé au vent léger;
Ses pieds posés sur l’herbe ont l’air de deux colombes.
Un ange las est arrivé au vent léger
Qui fait gonfler ses deux ailes comme des voiles;
Dans le verger, sa robe calme en fine toile
Est si blanche que l’on croirait qu’il a neigé.
Un ange frêle est arrivé en robe calme.
Il est si las, il est si triste, il a si froid;
Sa dextre porte, ainsi qu’un cierge, un lys tout droit
Mais des frissons ont secoué ses ailes almes.
Ses pieds sont las de la poussière des chemins
Et la rosée à ses cheveux laisse des gouttes.
Sa ceinture s’est dénouée au long des routes;
Il n’y a plus de baume aux paumes de ses mains.
Il voit filtrer de la lumière sous la porte;
Il n’ose pas faire tomber le lourd marteau
Et comme un pauvre attend l’aumône au bord de l’eau
Il a peur de frapper et voudrait que l’on sorte.
Il a perçu des bruits de pas dans la maison;
On a bougé et la lampe, par la serrure
A fait briller une topaze à sa ceinture.
Par la croisée, il voit la Vierge en oraison;
Par la croisée, il voit la Vierge et son visage...
À coups très doux, son cœur s’arrête endolori;
Le lys candide à son poing maigre a déflori
Et l’ange est mort d’avoir douté de son message.
Poème publié et mis à jour le: 13 August 2019
