Poèmes

Absolument royal

par Jean-Michel Bollet

Je n’espère plus rien pas le moindre vaccin
Du monde infesté qui avec soin inocule
Son poison et sa lie s’infiltrant dans mon sein
Qui se contracte en vain et devient minuscule

Il me reste bien peu à part Dieu dans le Livre
Et l’alcool m’enivre quand à lui je me livre

L’autorité et la dévotion au sacré
Firent plier jusqu'à la terre chaque vertèbre
Mais la révolution qui a tout massacré
Défila dans les pas de la marche funèbre

Pire est-il que Collot ce roi dans ce tableau
Qui avait du sang bleu puisé au cœur des hommes
Vivant dans ce château beau de Fontainebleau
Mais rêvant de bras blancs le serrant dans ses sommes

Tous étaient faits de trous de bosses comme nous
D’eau de boyaux de selle et d’urine et de bile
Souffrant de maux partout et de goutte aux genoux
Et la pensée heurtée par une âme débile

Ils n’étaient pas meilleurs pas pires que nous sommes
Et le dernier poilu de quatorze - dix-huit
Fut le symbole de la vilenie des hommes
Au front ceint de la nuit lorsque le soleil luit

Royauté abolie qu’avons-nous à ta place
Quelle fraternité dans trop de liberté
Parlons d’égalité où dort dans un palace
Un marchand de télés en pleine puberté

Il ne me reste rien que l’atrophie d’un sein
Et j’ai déjà tenté de devenir un saint

Que puis-je espérer que puis-je encore essayer
Si je pouvais payer un aller sur Mercure
J’aimerais avant de revenir effrayer
Des gentils dont la vie est une sinécure.

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