Poèmes

À mon Cher Marmier

par Charles-Augustin Sainte-Beuve

Charles Augustin Sainte-Beuve

Vite me quittant pour Elle,
Le jeune enfant qu'elle appelle
Proche son sein se plaça.
Elle prit sa tête blonde,
Serra sa bouchette ronde,
Ô malheur ! et l'embrassa.

Et lui, comme un ami tendre,
L'enlaçait, d'un air d'entendre
Ce bonheur qu'on me défend.
J'admirais avec envie,
Et j'aurais donné ma vie
Pour être l'heureux enfant.

Puis, elle aussitôt sortie,
Je pris l'enfant à partie,-
Et me mis à lui poser,
Aux traces qu'elle avait faites,
Mes humbles lèvres sujettes :
Même lieu, même baiser.

Mais, quand j'y cherchais le bàme *
Et le nectar de son âme,
Une larme j'y trouvai.
Voilà donc ce que m'envoie,
Ce que nous promet de joie
Le meilleur jour achevé !

* Baume.

Extrait de: 
Pensées d'août (1837)



Poème publié et mis à jour le: 13 July 2017

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