Trinidad ! nous irons, si vous voulez bien,
Arabella, darling,
Faire un tour en voiture autour de la Savane
Cependant que Monsieur votre père entre au club
Et sous la véranda sanglante d’hibiscus
Hume le whisky frais et mâchonne un havane !
Arabella, darling ! le ciel tendre s’irise,
Un arc-en-ciel marin a fleuri sur sa tige
Et l’Église anglicane entre les lataniers
Soupire à l’harmonium un psaume familier.
Arabella ! songez à la douceur de vivre
Et distillez pour moi ce ciel : West-Indies.
Des coolies jaunes et bleus
Ont traversé la pelouse
Voici venir deux par deux
Dans leurs gaines de mousseline
Les demoiselles sapotilles.
Arabella, darling ! nous irons
Respirer l’odeur des épices
Dans la belle boutique de Canning
Qui sent le ginger-ale et la pomme cannelle.
Arabella ! vous étiez bien trop sage,
Pour regarder de mon côté
Quand je vous ai croisée dans le parc du gouverneur
Je ne vous connais pas, Arabella, ma sœur,
Votre sourire est pour les joueurs de cricket.
Pour les boys sur le court, en manches de chemises
Non pour le voyageur qui s’attarde et regrette.
La montagne s’est casquée
D’un lourd capuchon de cuivre.
La Sirène du bord vibre !
Voici l’heure d’embarquer.
Plus tard, je dirai « C’était à la colonie...
Un soir d’Octobre doux comme un soir de France,
Un soir de Trinidad, aux Antilles Anglaises,
Arabella, mon cœur, revenait du tennis. »
Et maintenant, larguez l’amarre. En douce !
Trinidad, mon cœur, perle du Tropique
Brûle d’un feu vert au cœur de la nuit.
Poème publié et mis à jour le: 13 August 2019