Poèmes

Vers

par Guillaume de Poitiers

Puisque j'ai désir de chanter,
Je ferai un « vers » sur ma peine :
Je ne servirai plus
Amour
En
Poitou ni en
Limousin.

Je m'en vais partir pour l'exil :
En grande peur, en grand péril.
En guerre laisserai mon fils :
Ses voisins lui feront du mal.

Qu'il m'est cruel de m'éloigner
De ma seigneurie de
Poitiers !
Je laisse en garde de
Foucon
Toute la terre et son cousin.

Si
Foucon d'Angers - ni le roi
De qui je tiens mon fief- ne l'aident,
La plupart lui feront du mal :
Félons
Gascons et
Angevins.

S'il n'est très prudent et très preux.
Quand je serai parti de vous,
Ils l'auront vite mis à bas,
Le voyant si jeune et si faible.

Si je fis tort à mon prochain,
Je crie merci, qu'il me pardonne !
J'en prie
Jésus, le roi du ciel,
Dans mon roman et mon latin.

J'ai été tout
Joie et
Prouesse,

Mais je dois quitter l'une et l'autre,

Et partir, ores, vers
Celui

Où tous pécheurs trouvent la
Paix.

J'ai été bon vivant et gai,
Mais le
Seigneur ne le veut plus ;
Et j'ai peine à porter le faix.
Tant je suis proche de la fin.

J'ai laissé tout ce que j'aimais :
La chevalerie et l'orgueil...
Tout ce que
Dieu veut, je l'accepte,
Et le prie de m'unir à lui.

Je prie mes amis qu'à ma mort
Ils viennent tous et fort m'honorent
Car j'ai connu
Joie et

Liesse,
Loin et près, et dans ma demeure ;

Je quitte ici
Joie et
Liesse
Et vair et gris et zibeline...



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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