Et
Jeanne regardait droit devant elle en l'air, dans le ciel que coupait, comme des fusées, le vol cintré des hirondelles.
Et soudain une tiédeur douce, une chaleur de vie traversant ses robes, gagna ses jambes, pénétra sa chair ; c'était la chaleur du petit être qui dormait sur ses
genoux.
Alors une émotion infinie l'envahit.
Elle découvrit brusquement la figuré de l'enfant qu'elle n'avait pas encore vue : la fille de son fils.
Et comme la frêle créature, frappée par la lumière vive, ouvrait ses yeux bleus en remuant la bouche,
Jeanne se mit à l'embrasser furieusement, la soulevant dans ses bras, la criblant de baisers.
Mais
Rosalie, contente et bourrue, l'arrêta. «
Voyons, voyons.
Madame
Jeanne, finissez ; vous allez la faire crier. »
Puis elle ajouta, répondant sans doute à sa propre pensée : «
La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit. »
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012