Les clercs se donnent pour des bergers.
Et ce sont des assassins.
Sous des airs de sainteté.
Quand je les vois se vêtir,
Il me souvient de messire
Ysengrin qui voulut un jour
Entrer dans une bergerie ;
Mais par crainte des chiens,
Il endossa une peau de mouton
Et trompa leur surveillance ;
Puis il dévora par trahison
Les bêtes qui lui plurent.
Ce sont les rois et les empereurs,
Les ducs, les comtes et les « comtors »,
Joints aux chevaliers,
Qui gouvernent ordinairement le monde ;
Maintenant je vois que les clercs
Ont acquis le pouvoir,
Par le vol et la trahison.
Par l'hypocrisie.
La violence ou la prédication :
Ils sont fort ennuyés
Si on ne leur abandonne pas tout ; et leur volonté
Sera faite, en dépit de toute opposition.
Plus ils sont grands,
Moins ils ont de valeur
Et plus de folie
Et moins de franchise,
Et plus ils mentent,
Et moins ils sont instruits,
Et plus ils sont pécheurs
Et moins ils s'aiment entre eux.
C'est des mauvais clercs que je parle.
Car je n'ai jamais entendu dire
Qu'il y ait eu de pires ennemis de
Dieu,
Depuis les siècles anciens.
Quand ils sont au réfectoire.
Je ne trouve pas honorable
De voir les plus vils
Assis à la plus haute table
Et choisir les premiers ;
Écoutez une grande vilenie :
Ils osent y venir
Et on ne les écarte point.
Mais jamais je n'ai vu
Un pauvre diable de mendiant
S'asseoir à côté des riches ;
Je vous assure qu'ils n'ont jamais commis pareille faute !
Que les
Alcays et les
Almassors
Ne craignent pas
Que les abbés et les prieurs
Aillent envahir leurs terres
Et s'en emparer.
Car cela leur coûterait trop de peine ;
Ici ils songent au moyen
De mettre la main sur le monde
Et de chasser messire
Frédéric
De son abri ;
Mais tel le défia,
Qui jamais ne s'en réjouit beaucoup.
Clercs, celui qui crut vous apercevoir
Sans un cœur félon et injuste
A fait une erreur de compte,
Car jamais je n'ai vu gent pire que la vôtre.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012