Poèmes

Toi, l’exilé

par Guy Rancourt

Toi, l’exilé
Seul et en silence
Assis sur un banc au Jardin du Luxembourg
On te toise sévèrement du regard
Toi, l’étranger
Toi, l’homme de couleur
Comme si tu étais
Un taré
Un pestiféré
Un moins que rien
Tu t’isoles dans cette soirée tiède de mai
Tu rêves à tes lointaines Caraïbes…

Toi, l’exilé
Tout ton corps est ligoté
Comme une amarre à tes Antilles
À ton île
Madinina, l’île aux fleurs
La Martinique, charmeuse de serpents
Ne voit-on point sur ta joue
Couler une larme discrète
Si menue
À peine visible dans la pénombre
Trop-plein de ton cœur serré en étau
Loin des tiens
Loin du sol nourricier
Loin de la terre natale?

Toi, l’exilé
Tu laisses s’enrouler tes souvenirs
Comme la vague qui va et vient
Ta mémoire lèche tendrement le rivage
Et les plages des Salines de ton enfance

Toi, l’exilé
Seul et en silence
Assis sur un banc au Jardin du Luxembourg
Tu toises du regard cette foule hostile
Avec incompréhension et tristesse

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