Poèmes

Théra

par Anatole France

Anatole France

Cette outre en peau de chèvre, ô buveur, est gonflée
De l'esprit éloquent des vignes que Théra,
Se tordant sur les flots, noire, déchevelée
Étendit au puissant soleil qui les dora.

Théra ne s'orne plus de myrtes ni d'yeuses,
Ni de la verte absinthe agréable aux troupeaux,
Depuis que, remplissant ses veines furieuses,
Le feu plutonien l'agite sans repos.

Son front grondeur se perd sous une rouge nue ;
Des ruisseaux dévorants ouvrent ses mamelons ;
Ainsi qu'une Bacchante, elle est farouche et nue,
Et sur ses flancs intacts roule des pampres blonds.

Extrait de: 
Les poèmes dorés (1873)



Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012

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