Souffrez qu'Amour cette nuit vous réveille ;
Par mes soupirs laissez-vous enflammer :
Vous dormez trop, adorable merveille,
Car c'est dormir que de ne point aimer.
Ne craignez rien : dans l'amoureux empire,
Le mal n'est pas si grand que l'on le fait;
Et, lorsqu'on aime et que le coeur soupire,
Son propre mal souvent le satisfait.
Le mal d'aimer, c'est de le vouloir taire ;
Pour l'éviter, parlez en ma faveur.
Amour le veut, n'en faites point mystère ;
Mais vous tremblez et ce dieu vous fait peur !
Peut-on souffrir une plus douce peine ?
Peut-on souffrir une plus douce loy ?
Qu'estant des cœurs la douce souveraine,
Dessus le vostre,
Amour agisse en roy.
Rendez-vous donc, ô divine
Amarante,
Soumettez-vous aux volontez d'Amour ;
Aimez pendant que vous estes charmante,
Car le temps passe et n'a point de retour.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012