Silenzio !
Ne réveillez point l’enfant qui dort
sur le ventre de sa maman,
soudé aux tétins qui l’allaitent.
Il rêve aux anges.
Silenzio !
Ne réveillez point la petite nyctale qui roupille
sur la branche du saule pleureur,
perchée au-dessus de l’étang aux quenouilles.
Elle rêve aux nuits chaudes de l’été.
Silenzio !
Ne réveillez point le vieillard qui somnole
sur la balancelle avec un panama usé,
calé sur son crâne chauve.
Il rêve aux folies de sa lointaine jeunesse.
Silenzio !
Ne réveillez point l’ado qui ronfle
sur le canapé délabré,
délavé et zébré de griffes de son matou marabout.
Il rêve aux belles filles vues sur son portable.
Silenzio !
Ne réveillez point la chenille immobile
sur sa feuille de châtaigner,
trouée comme Gruyère avec ses ventouses voraces.
Elle rêve au grand monarque impérial.
Silenzio !
Ne réveillez point le poète assoupi
près de l’ordi sur son bureau de travail,
accoudé aux bras de sa chaise tournante.
Il rêve aux sonnets déjà composés.
Silenzio !
Ne réveillez point l’ange qui dort
sur les nuages moelleux près des cieux,
emprisonné dans de souvenirs anciens.
Il rêve à sa vie humaine de jadis.