si j’écris c’est pour que ma voix vous parvienne
voix de chaux et sang voix d’ailes et de fureurs
gouttes de soleil ou d’ombre dans laquelle palpitent nos sentiments
si j’écris c’est pour que ma voix vous arrache
au grabat des solitaires, au cauchemar des murs
aux durs travaux des mains nageant dans la lumière jaune du désespoir
si j’écris c’est pour que ma voix où roulent souvent des torrents de blessures
s’enracine dans vos paumes vivantes, couvre les poitrines d’une fraîcheur de jardin
balaie dans les villes les fantômes sans progéniture
si j’écris c’est pour que ma voix d’un bond d’amour
atteigne les visages détruits par la longue peine le sel de la fatigue
c’est pour mieux frapper l’ennemi qui a plusieurs noms.
***
je ne sais pas d’où surgit cet amour humain
si puissant qu’il sculpte une douleur dans mon sang
je ne sais pas d’où vient ce feu qui me raidit
et soude mes mots comme des prières et des hymnes
je ne sais pas.
je ne sais pas.
mais je sais d’où surgissent les bombes
mais je sais d’où viennent les assassins
mais je sais de quel côté se lève le jour
mais je sais dans quelle terre s’enracine un homme digne de ce nom
s’il n’y a dans mon poème ni roses ni rossignols
si je foule aux pieds la tradition
si au lieu d’explorer le ciel qui tremble derrière le ciel
j’écris ces paroles simples en toute clarté
et si cela vous étonne, et si cela met de sombres couleurs
sur le vert des étangs, sur les ailes roses des flamants
alors Ouvrez les yeux Ouvrez les yeux
les oreilles aussi
alors écoutez les cent fleuves de sang
qui font une unique plaie d’un seul pays.
Poème publié et mis à jour le: 02 May 2025