Poèmes

Sappho

par Paul Verlaine

Paul Verlaine

Furieuse, les yeux caves et les seins roides,
Sappho, que la langueur de son désir irrite,
Comme une louve court le long des grèves froides,
Elle songe à
Phaon, oublieuse du
Rite ',
Et, voyant à ce point ses larmes dédaignées.
Arrache ses cheveux immenses par " poignées ;
Puis elle évoque, en des remords sans accalmies.
Ces temps où * rayonnait, pure, la jeune gloire
Furieuse, les yeux caves et les seins roides,
Sappho, que la langueur de son désir irrite,
Comme une louve court le long des grèves froides,
Elle songe à
Phaon, oublieuse du
Rite ',
Et, voyant à ce point ses larmes dédaignées.
Arrache ses cheveux immenses par " poignées ;
Puis elle évoque, en des remords sans accalmies.
Ces temps où * rayonnait, pure, la jeune gloire
De ses amours chantés en vers que la mémoire
De l'âme va redire aux vierges endormies :
Et voilà qu'elle abat ses paupières blêmies
Et saute dans la mer où l'appelle la
Moire , —
Tandis qu'au ciel éclate, incendiant l'eau noire,
La pâle
Séléné qui venge les
Amies.



Poème publié et mis à jour le: 02 August 2019

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