Apprendre à incliner
le sommeil et à frapper
au centre de toute la mort
y compris la sienne
Préparer des bouquets
de fusils tordus et les offrir
à d’autres fusils tordus
La mort à l’intérieur de soi
est toujours la sœur de celle
qu’on va tuer
La mort n’a pas de mort
Le coquelicot n’a pas
la parole du coquelicot
La vie n’a pas de vie
si la mort ne la réveille pas
La mort aussi
n’a pas de mort si la vie
ne la réveille pas
Celui qui réveille le réveil
ne connaît ni la mort de la vie
ni la vie de la mort
mais seulement la parole ouverte
qui ne parle pas.
..
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1
le ballon que je
pousse avec mes pieds
est une tête perdue
qui cherche au hasard
un corps décapité
pour l’habiter
avec le rire de sa bouche
Je ne peux toucher
ton rêve avec mes mains
car sa tête est un chemin
que tracent mes pieds
dans toutes mes chaussures
Parfois c’est ma tête
qui roule à mes pieds
et un gardien aveugle
la laisse passer dans le filet
quand la foule jette
son silence de vieil os
à un seul chien dans
la poussière
Tu le sais
quand nous jouons
ensemble nous avons deux
têtes
et nous ne savons laquelle
nous devons tirer dans le ciel
en titubant entre
nos pieds nus et nos souliers
Ce ballon que je tiens entre
mes mains
est la tête
que tu veux placer
sur un homme
pour inventer un dieu absent
dans la foule en cendre
d’un seul chapeau
La fenêtre dans laquelle
je tire devient doucement
le corps immense
de ce que je ne sais pas.
Poème publié et mis à jour le: 03 July 2019