Lorsqu’une balade le long de la plage
Prend vite des airs d’aventure guerrière
Nous nous engageons tous les deux, fille et père
Dans une odyssée qui réunit nos âges
Du côté de la blanche chapelle enfouie
Nous partons en croisade contre l’ennui
Contre une journée aux autres trop semblable
Pour la singularité des grains de sable
La grève est intacte, sommes-nous les premiers ?
D’abord le pays des dunes miniatures
Endroit infesté d’insectes à torture
Une espèce en bien rares cas signalée
Utilisée pour extorquer repentance
L’aveu d’hérétiques face à la potence
Mais ceux-là n’osent quitter leurs galeries
Tant semble fameuse notre compagnie
L’onde notre alliée vient nous lécher les pieds
Et met au jour des trésors immémoriaux
Les galets striés se changent en joyaux
Sur certains sont distinctement dessinés
Des cartes, des messages, des prédictions
D’autres deviennent protection, talismans
A découvert entre dune et océan
Se prolonge la redoutable mission
De curieuses traînées brodent le rivage
Des hydres à terrasser, peut-être un kraken
Nous défendrons la terre au prix de nos veines
Qu’importe la bête qui nous fait barrage
Plane un défilé d’ombres étranges alors
Probablement l’attaque de ptérosaures
Les ennemis en légion nous enhardissent
Gare tout de même aux traces qui nous trahissent
Une cabane nichée au creux des dunes
Voilà sans nul doute parfait retranchement
Nous y reprenons haleine quelques temps
Puis des mouettes tueuses nous importunent
Tu te rues à l’assaut de ces créatures
De peur elles s’envolent à vive allure
Puis pour asseoir la déroute tu rugis
C’est hélas pour chercher renfort qu’elles fuient
Pourquoi hurles-tu tout à coup de souffrance ?
Non loin du talon une chose te blesse
Serait-ce de tous les héros la faiblesse ?
Tu saisis ce qui a ruiné ta défense :
La large dent d’un requin certes infléchie
Mais montrant du lieu la dangerosité
Et hors mon œil aguerri j’aurais opté
Pour un morceau de coquillage poli
Tu me demandes où se trouve l’Amérique
Quitter les lieux sans un jet de javelot ?
Pure infamie, mais lutter contre les flots
C’est là l’occasion d’une fin homérique
Nous parcourons donc les débris de la plage
En quête du bois qui a raté sa nage
Pour affronter d’autres contrées en radeau
Et puis las nous refusons pareil tableau
Résignés nous regagnons chacun notre âge
Tu clos l’épopée, déballes ton goûter,
J’ôte quelques grains de sable de mes pieds
Dans le réel, ne survit pareil voyage
Envolés pourfendeurs de monstres infâmes
Défenseurs du littoral sur l’oriflamme
Les quelques promeneurs de ce mercredi
Ignorent bien ce que nous avons subi