Il flotte sur les quais une haleine d'abîmes,
L'air sent la violette entre de lourds poisons,
Des odeurs de goudron, de varech, de poisson ;
Le printemps envahit les chantiers maritimes.
Ce jour de pluie oblique a doucement poncé
Les greements noirs et gris qui festonnent le port ;
Eaux, docks et ciel unis par un subtil accord
Inscrivent dans l'espace une sourde pensée.
En cale sèche on voit des épaves ouvertes ;
En elles, l'âme vit peut-être...
Oiseau têtu,
Oiseau perdu, de l'aube au soir reviendras-tu
Rêver de haute mer, d'embruns et d'îles vertes ?
Je rôde aussi, le cœur vide et comme aux abois.
Un navire qui part hurle au loin sous la brume ;
Je tourne dans la ville où les usines fument.
Je cherche obstinément à me rappeler, quoi ?
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012
