Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer
Tout est possible pour qui croit !
Mais croire en qui, mais croire en quoi ?
Je m’appelle Camille…
tout juste dix-sept ans.
J’espère encore un ciel sans plus rien en attendre,
J’honore encore un Dieu auquel je ne crois plus.
La solitude pèse… et je me sens fragilequand tout devient si lourd.
Pourtant, j’ai conservé, en moi, tout de l’art d’apprendre,
De courir ou chanter… Mais s’étiole l’influx…
La solitude pèse… et je me sens fragile
quand mon cœur devient gourd.
Je ne sais où je suis,
Je ne sais qui je suis !
J’aime trop et pourtant
J’attends encor l’amour.
Lequel ? Je ne sais trop…
Laquelle ? Je ne sais plus.
Quand tout autour de moi les silhouettes chères
que j’aime tant
S’échangent des fleurs bleues entre pâtre et bergère
tout en dansant
Mon cœur s’émeut.
Et pas seulement.
Le trouble monte et m’envahit,
L’amour descend et m’engourdit
Je ne sais où je suis,
Je ne sais qui je suis !
J’aime trop et pourtant
J’attends encor l’amour.
Laquelle ? Je ne sais trop…
Lequel ? Je ne sais plus.
Mon cœur bat pour Sacha quand Alix m’interpelle,
Maxime en un regard embrase tous mes sens,
Yannick en me frôlant exerce son talent,
Dominique me fuit et m’attire pourtant.
Quand oserai-je enfin déplacer la montagne
Des préjugés, des peurs et des pensers amers ?
C’est ce soir ou jamais.
Je le sens. Je le sais.
Je le fais.
La foi revient, pure ou impure, qui le dira ?
Et je lui crie,
le cœur battant,
à la montagne,
« Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer ! »
Et elle le fait.
Et c’est ainsi qu’un soir, sous le souffle tépide
d’un vent intemporel
Par une nuit moirée, enivrante et limpide,
sous l’œil de l’Éternel…
Camille et Dominique
goûtèrent aux délices
de leurs premières amours.
24 juin 1960
Jean Ciphan, « Sentiers incertains »
Au sujet de Jean Ciphan
A Propos
Je suis né en 1942. Pendant plus de soixante ans, j'ai savouré le bonheur d'écrire pour mon seul plaisir. Je pense le temps venu d'oser enfin publier !
1960.
Tombé tout jeune dans "la marmite des mots", je crois indispensable de garantir la pérennité de mon œuvre poétique en devenir par un nom de plume Jean Ciphan.
Je la rassemble en un cahier, celui de mes "Sentiers incertains" !
Toutefois, je conserve mon patronyme (Jean Yvon Chapin) pour signer "Les frères Letellier", mon premier essai littéraire...
1962.
Tout jeune enseignant, je rencontre Monsieur Guy des Cars et lui remets en main propre mon manuscrit. Le directeur de l’Académie du Maine me fait l'honneur de le considérer avec intérêt ; lecture faite, il me recommande « de l’étoffer pour en faire un roman ».
Le romancier parcourt également le recueil de mes textes poétiques ; il les apprécie et me conseille de faire parvenir mon cahier (vingt-neuf poèmes) à Monsieur Pierre Seghers, créateur de la collection "Poètes d’aujourd’hui".
J’y souscris bien volontiers et reçois en retour les « encouragements » du célèbre éditeur, sous pli recommandé !
1971.
Professeur de lettres dans un collège du Mans, j’entreprends l’écriture d’un nouveau roman, "Kermarzin". Toutefois, mes engagements professionnels, associatifs et familiaux prennent rapidement le pas sur mon violon d’Ingres !
1983/1997.
Devenu chef d'établissement, je dirige successivement les collèges de Mamers et de La Suze-sur-Sarthe.
2002.
Les mois, les années passent. Me voici aux Sables-d'Olonne, sur la côte de Lumière, de plain-pied dans le siècle nouveau : ma passion pour les mots est intacte !
Retraité, je dépoussière mes carnets et cahiers... Les protagonistes de "Kermarzin" y sont en léthargie... Ma soif d’écriture demeure. Avant de l’étancher, je décide de m’imprégner des lieux, des usages, des ambiances que mes héros auront à partager. J’y prendrai tout mon temps : ensuite seulement je les réveillerai !
2003.
Je suis victime d’un accident vasculaire cérébral. L’épreuve est lourde, difficile à surmonter. Le soutien inconditionnel de mon épouse, de ma tribu et de mes soignants me permet de franchir l’obstacle. Il me toutefois faudra plus de dix ans pour y parvenir !
2013.
Après le temps du recul nécessaire et pour témoigner, je rédige une plaquette susceptible d’aider les personnes victimes d’AVC et celles qui les entourent, "La tache d’encre bleu roi".
2016.
Au cours de l’été, j’entreprends l'écriture de "Mission Codlea". Le récit rapporte l’aventure humanitaire exceptionnelle et admirable que mon épouse, décédée en 2015, a initiée et conduite en Roumanie, auprès des orphelins de cinq maisons d'enfants, de 1990 à 2013.
2018.
Sous le titre "Oser dire", je rassemble et publie quelques-uns de mes poèmes et les fantaisies qui les accompagnent. (Les "Sentiers incertains" y ont pris toute leur place ! )
Deux romans sont achevés : les protagonistes de "Kermarzin" ont été réveillés et j’ai enfin suivi le conseil de Guy des Cars en étoffant "Les frères Letellier".
"La tache d’encre bleu roi" devrait également paraître prochainement..
Poème publié et mis à jour le: 19 August 2018