Poèmes

Ode Imitée de Plusieurs Psaumes

par Nicolas Gilbert

et composée par l'auteur huit jours avant sa mort

J'ai révélé mon coeur au Dieu de l'innocence ;

Il a vu mes pleurs pénitents.

Il guérit mes remords, il m'arme de constance ;

Les malheureux sont ses enfants.

Mes ennemis, riant, ont dit dans leur colère :

" Qu'il meure et sa gloire avec lui ! "

Mais à mon coeur calmé le Seigneur dit en père :

" Leur haine sera ton appui.

À tes plus chers amis ils ont prêté leur rage :

Tout trompe ta simplicité ;

Celui que tu nourris court vendre ton image

Noire de sa méchanceté.

Mais Dieu t'entend gémir, Dieu vers qui te ramène

Un vrai remords né des douleurs ;

Dieu qui pardonne enfin à la nature humaine

D'être faible dans les malheurs.

J'éveillerai pour toi la pitié, la justice

De l'incorruptible avenir ;

Eux-mêmes épureront, par leur long artifice,

Ton honneur qu'ils pensent ternir. "

Soyez béni, mon Dieu ! vous qui daignez me rendre

L'innocence et son noble orgueil ;

Vous qui, pour protéger le repos de ma cendre,

Veillerez près de mon cercueil !

Au banquet de la vie, infortuné convive,

J'apparus un jour, et je meurs.

Je meurs ; et, sur ma tombe où lentement j'arrive,

Nul ne viendra verser des pleurs.

Salut, champs que j'aimais ! et vous, douce verdure !

Et vous, riant exil des bois !

Ciel, pavillon de l'homme, admirable nature,

Salut pour la dernière fois !

Ah ! puissent voir longtemps votre beauté sacrée

Tant d'amis sourds à mes adieux !

Qu'ils meurent pleins de jours ! que leur mort soit pleurée !

Qu'un ami leur ferme les yeux !



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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