Tiens, d'un secret je veux t'instruire;
Moi j'ai peur de l'écho: je parlerai tout bas;
L'indiscret pourrait redire;
Il faut, petit ami, qu'il ne m'entende pas.
Ecoute: du rosier la feuille fugitive
Tombe et s'envole en murmurant:
La feuille fait du bruit, je serai moins craintive;
Le bruit m'a rassurée, et je tremble pourtant.
Qu'un secret fait de mal quand on n'ose l'apprendre!
Il semble qu'un lien l'attache sur le coeur.
Vois! Mon regard te parle, il est plein de douceur:
Dis-moi donc, mon ami, ne peux-tu le comprendre?
Il était prêt à se trahir,
Le secret que devrait t'expliquer mon silence:
Il s'échappait. Timide en ta présence,
Ma bouche se referme et n'ose plus s'ouvrir.
Bien tendrement la tienne a dit je t'aime!
Lorsque ce mot si doux fut prononcé par toi,
Méchant, c'est mon secret que ta bouche elle-même,
Comme un écho du coeur, t'a révélé pour moi.
Tu le connais, et peut-être parjure,
Un jour, hélas! tu le décèleras:
Petit ami, je te conjure,
Si tu le sais, ne le dis pas.
Décembre 1825
Poème publié et mis à jour le: 10 January 2023