Mon enfance captive a vécu dans des pierres,
Dans la ville où sans fin, vomissant le charbon,
L'usine en feu dévore un peuple moribond :
Et pour voir des jardins je fermais les paupières...
J'ai grandi ; j'ai rêvé d'orient, de lumières,
De rivages de fleurs où l'air tiède sent bon,
De cités aux noms d'or, et, seigneur vagabond,
De pavés florentins où traîner des rapières.
Puis je pris en dégoût le carton du décor ;
Et maintenant, j'entends en moi l'âme du
Nord
Qui chante, et chaque jour j'aime d'un cœur plus
fort
Ton air de sainte femme, ô ma terre de
Flandre,
Ton peuple grave et droit, ennemi de l'esclandre,
Ta douceur de misère où le cceur se sent prendre,
Tes marais, tes près verts où rouissent les lins,
Tes bateaux, ton ciel gris où tournent les moulins.
Et cette veuve en noir avec ses orphelins...
Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012