Poèmes

Midi

par Alain Jouffroy

De l'oeil marin sorti du mâchefer des marches

Du métro, le plissement instantané de paupières

Fait battre le sang lourd d'un conducteur

D'autobus.
Bloquée dans le bataillon de chalutiers

De l'Opéra, une femme glisse entre ciel et terre,

Voilette épinglée à l'œil comme un filet à papillons.

La ruée vers les tables, vers les chaises, renverse

Les barricades aveuglantes des trottoirs.
Surchauffée,

Une tourmente au ralenti empâte les jupes,

Suspend un instant les talons à l'ombre du ruisseau

Du
Rond-Point sur le frisson de glace à main

D'un éclat.
Sur les toitures intactes, oubliées,

Les couvreurs demi-dieux soufflent sur leurs ongles

La poussière amicale des usines et des gares.

La bouche boudeuse d'une danseuse fait danser des olives

Entre ses dents.
Et, mante, église muette et lente,

La putain grignote les hosties de ses trois soucoupes.



Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012

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