Poèmes

Mazarin

par Jean-François Paul de Gondi

Sa naissance était basse et son enfance honteuse.
Au sortir du
Colisée, il apprit à piper, ce qui lui attira des coups de bâtons d'un orfèvre de
Rome appelé
Moreto.
Il fut capitaine d'infanterie en
Valteline ; et
Bagni, qui était son général, m'a dit qu'il ne passa dans sa guerre, qui ne fut que de trois mois, que pour un escroc.
Il eut la nonciature extraordinaire en
France, par la faveur du cardinal
Antoine, qui ne s'acquérait pas, en ce temps-là, par de bons moyens.
Il plut à
Chavi-gny par ses contes libertins d'Italie, et par
Chavi-gny à
Richelieu, qui le fit cardinal, par le même esprit, à ce que l'on a cru, qui obligea
Auguste à laisser à
Tibère la succession de l'Empire.
La pourpre ne l'empêcha pas de demeurer valet sous
Richelieu.
La
Reine l'ayant choisi faute d'autre, ce qui est vrai quoi qu'on en dise, il parut d'abord l'original de «
Trivelino
Principe ».
La fortune l'ayant ébloui et tous les autres, il s'érigea et l'on l'érigea en
Richelieu ; mais il n'en eut que l'impudence de l'imitation.
Il se fit de la honte de tout ce que l'autre s'était fait de l'honneur.
Il se moqua de la religion.
Il promit tout, parce qu'il ne voulut rien tenir.
Il ne fut ni doux ni cruel, parce qu'il ne se ressouvenait ni des bienfaits ni des injures.
Il s'aimait trop, ce qui est le naturel des âmes lâches ; il se craignait trop peu, ce qui est le caractère de ceux qui n'ont pas de soin de leur réputation.
Il prévoyait assez bien le mal, parce qu'il avait souvent peur ; mais il n'y remédiait pas à proportion, parce qu'il n'avait pas tant de prudence que de peur.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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