Poèmes

Maximes de Coquetterie

par Gabriel-Charles de Lattaignant

Jeune
Iris, souffrez sans courroux

De passer pour coquette.

Pourquoi vous offenseriez-vous

D'une telle épithète ?

Quelque grain de légèreté

Et de coquetterie

Ajoute encore à la beauté

Le titre de jolie !

Ne voyons-nous pas tous les jours

Folâtrer sur vos traces

Presque autant de nouveaux amours

Qu'on voit en vous de grâces ?

On n'engage qu'un seul amant,

Quand on est si fidèle.

Qui ne veut que plaire en a cent

Qui voltigent comme elle.

Pourquoi vouloir mal à propos

Vous piquer de constance ?

Cette triste vertu des sots

N'est plus de mode en
France.

Laissez aux belles du commun

L'honneur d'être constante.

Vaut-il mieux n'en rendre heureux qu'un,

Que d'en amuser trente ?

Ces belles dont l'antiquité

Consacre la mémoire,

Avec plus de fidélité,

Auraient eu moins de gloire ;

Et sans le nombre des amants

Qui les ont adorées,

Que de déesses de ce temps

Qui seraient ignorées !

Nous aurait-on parlé jamais

De la beauté d'Hélène,

Sans ces rois et ces héros grecs,

Qui portèrent sa chaîne ?

Vénus même, sans les amours

Qui naissent sur ses traces,

À
Paphos s'ennuierait toujours

Seule avec ses trois
Grâces.

Imitez toujours nos guerriers,

Si jaloux de la gloire ;

Ils ne veulent que des lauriers

Pour prix de leur victoire.

À peine un coeur est-il dompté,

Attaquez-en un autre.

Triomphez de leur liberté ;

Jouissez de la vôtre.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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