Poèmes

Marais

par Patrice Delbourg

de bastille en république

son corps avait rebondi

comme une balle de jokary

les mots ne coûtaient rien

la ville en contrebas contenait sa démesure

une lune humide blanche son enfance dans la rue

le février des casinos des belvédères

sa tête dodelinait sur les banquettes des michelines

ses yeux cherchaient d'autres couleurs

la pelouse des stades

la peau des petites

pas vraiment peur non

quelque chose d'autre marché des enfants rouges

l'attente sans doute rue des archives

la fagne des heures creuses

un sexe qui s'étoile sur les écrans des cinéacs

un téléphone qui ne répond pas

des fatigues ceinturent les faubourgs

paris palud son cocon son boulin

et toute cette vie qui sent l'ammoniac

dans les pissoirs du quai de la gare

cette mort qui embaume la pivoine

dans les salles d'attente de l'hôtel-dieu

encore un jour une nuit

bientôt ce grand chariot métallique

sous le grand plafonnier aux halogènes

bientôt ce grand exil sur l'alèse endormie

mais pour l'heure il est seul exténué au bout du bitume

des façades défilent quartier du temple

rencontres des autres sur fond de soi-même dérisoires

il parle par hasard il grignote ses restes de souffle

rambuteau francs-bourgeois il existe encore furtivement

une capsule de soda une lame de rasoir une photo d'identité

un ticket périmé très peu de choses en somme

cadastres qui se remembrent se lézardent

volent en éclats dans une fuite panique en haut-le-cœur

aujourd'hui il se couchera enfin tranquille

la nuque sous la herse

vous l'écouterez peut-être

moment spirale

instant en suspens

juste avant le terminus

accroché

orbites vides ventres gonflés

filent les noyés de laseine

en ciel de traîne

le long des entrepôts de bercy

l'écho répond à l'écho

glisse comme un caillou

la maigreur insoutenable

avec son ventre blanc

en posture de silure

un corps fou de froid

non un tronc d'arbre

jusqu'aux écluses de marly

places réservées aux mutilés de guerre

l'autopsie se termine ici

les clepsydres commentent la course

trois fois rien somme toute

en derniers messages de résistance

pierre dac à londres

andromaque se parfume à la lavande

à trop sentir le vieux

la mort ne me concerne plus

puisque je ne suis pas complètement né

voyage en radoub

- sommeil de salpêtre

caducée à la vitre embuée

ce n'était pas l'amour

ce n'en était que le mirage

toujours eu cette honte de vivre

les heures chauves comptent leurs dents

cette succession d'instants fanés

tient dans un boîtier de montre

tout plaisir orphelin est un art

cinquante ans et quelques chagrins de plus

moi proboscidien aux arômes de vétiver



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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