de bastille en république
son corps avait rebondi
comme une balle de jokary
les mots ne coûtaient rien
la ville en contrebas contenait sa démesure
une lune humide blanche son enfance dans la rue
le février des casinos des belvédères
sa tête dodelinait sur les banquettes des michelines
ses yeux cherchaient d'autres couleurs
la pelouse des stades
la peau des petites
pas vraiment peur non
quelque chose d'autre marché des enfants rouges
l'attente sans doute rue des archives
la fagne des heures creuses
un sexe qui s'étoile sur les écrans des cinéacs
un téléphone qui ne répond pas
des fatigues ceinturent les faubourgs
paris palud son cocon son boulin
et toute cette vie qui sent l'ammoniac
dans les pissoirs du quai de la gare
cette mort qui embaume la pivoine
dans les salles d'attente de l'hôtel-dieu
encore un jour une nuit
bientôt ce grand chariot métallique
sous le grand plafonnier aux halogènes
bientôt ce grand exil sur l'alèse endormie
mais pour l'heure il est seul exténué au bout du bitume
des façades défilent quartier du temple
rencontres des autres sur fond de soi-même dérisoires
il parle par hasard il grignote ses restes de souffle
rambuteau francs-bourgeois il existe encore furtivement
une capsule de soda une lame de rasoir une photo d'identité
un ticket périmé très peu de choses en somme
cadastres qui se remembrent se lézardent
volent en éclats dans une fuite panique en haut-le-cœur
aujourd'hui il se couchera enfin tranquille
la nuque sous la herse
vous l'écouterez peut-être
moment spirale
instant en suspens
juste avant le terminus
accroché
orbites vides ventres gonflés
filent les noyés de laseine
en ciel de traîne
le long des entrepôts de bercy
l'écho répond à l'écho
glisse comme un caillou
la maigreur insoutenable
avec son ventre blanc
en posture de silure
un corps fou de froid
non un tronc d'arbre
jusqu'aux écluses de marly
places réservées aux mutilés de guerre
l'autopsie se termine ici
les clepsydres commentent la course
trois fois rien somme toute
en derniers messages de résistance
pierre dac à londres
andromaque se parfume à la lavande
à trop sentir le vieux
la mort ne me concerne plus
puisque je ne suis pas complètement né
voyage en radoub
- sommeil de salpêtre
caducée à la vitre embuée
ce n'était pas l'amour
ce n'en était que le mirage
toujours eu cette honte de vivre
les heures chauves comptent leurs dents
cette succession d'instants fanés
tient dans un boîtier de montre
tout plaisir orphelin est un art
cinquante ans et quelques chagrins de plus
moi proboscidien aux arômes de vétiver
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012