Poèmes

Mais, se Dieux Plaist, J'en Seray Plus Prochains

par Christine de Pisan

L'espoir que j'ay de reveoir ma dame

Prochainement, me fait joyeux chanter

A haulte voix ou vert bois soubz la rame,

Ou par deduit j'ay apris a hanter

Pour un petit les maulx que j'ay domter,

Pour ce qu'adès suis d'elle si longtains;

Mais, se
Dieux plaist, j'en seray plus prochains.

Et je doy bien avoir desir par m'ame

D'elle veoir, car je m'ose vanter

Qu'il n'est ne roy, ne duc, ne prince, n'ame

Qui ne voulsist a elle honneur porter,

Pour les grans biens qu'on en ot raconter;

Si me desplait dont d'elle si loins mains;

Mais, se
Dieux plaist, j'en seray plus prochains.

Et sa beaulté, qui le mien cuer enflamme,

Me fait souvent gemir et guermenter

Pour le desir, qui m'estraint et affame,

D'elle veoir, pour moy reconforter;

Je chanteray pour mon cuer deporter.

Adès suis loings d'elle ou sont mes reclains;

Mais, se
Dieu plaist, j'en seray plus prochains.



Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017

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