Poèmes

Main

par Jean-Claude Schneider

là — une main, celle-ci

s'obstine,

mais ne caresse plus, ne

prend plus,

laissée pendre dans l'eau du passage,

et couche, imprime

dans le limon que chaque vague de jour efface

des phrases de vie,

par exemple

maintenant se souvient : enfant, la main sèche,

douce, du père,

l'autre

confirme (main sans voix sans lèvre) :

je suis

passant, comme eux, déplus en plus d'ici, mais

je n 'ai plus de nom,

dont le nom,

loin du commencement, s'est vidé,

le nom qui ne répond plus,

oublieux

des exercices, de la patience, des déboires,

elle

confirmerait : le fond

remonte à la surface, l'horizon là tout contre l'oeil,

l'air, après jour et jour, s'est creusé :

vide

en avant de ses pas,

lui maintenant, passant immobile, s'enfonce,

m'enfonce enfonce, enveloppe de passage, me perds,

ici

m'attend, je

pourrais m'y dissoudre, attends que m'absorbe,

que remonte, fossile, la lumière,

remonte la lisse rumeur de fond imbiber la vue,

étoffer l'air —

déjà

se regarde, la main, écrire,

demande ce que devient plus près de la fin ici

son pas écraseur de roseaux,

main

se vide (pour

tout l'au-dehors s'épancher) de soi, s'éloigne,

plus

personne déjà — non, mais là le dessein

n'être

personne, —

celui, là, qui dit je, c'est il — ne sait qui pose, ouvre

celte main,

bouger, la sienne, encore, long chemin —

l'horizon,

ses plis d'eau viendront ici bruire, s'amortir.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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