Poèmes

Ma nuit

par Wauthier Yves

Ma nuit

Ma nuit

Sombre sans heurt

Ni coup férir

Au long d’un frémissement périr

De malheur, de bonheur voire de peur

Ma nuit

Creuse au sein de mon âme

Des fosses si profondes, si claires

Que ton être… ton mal s’y pâment

En millions de feux… d’éclairs

Ma nuit

Orageuse… zèbre et lézarde

Le cœur qui ne m’appartient encore à peine

Le corps meurtri de flétrissures blafardes

Offertes en rémission… d’un homme… le pardon … les peines…

Ma nuit

Te ressemble

Ma nuit

Te rassemble

Et vole en éclats lourds

Brisures morbides… doigts gourds

Eparpillés sous ton iris de braise

Qui m’émeut… et me sculpte terre glaise

De vies passées à t’espérer

A t’imaginer… à te respirer…

Ma nuit

Balbutiante

Qui roule sous les dards du jour

Ma nuit

Plus habillée de tes regards

Que mille soleils ou fards

Rythmes et papillons de toujours

Ma nuit

Trompe et sonne du corps

Retentissant vacarme de néant

Qui, d’une ombre, s’effraie séant

Ombre attachée, coulée dans l’obscurité de mon or

Ma nuit

S’oublie parfois, sous l’astre levant…

Et s’illumine de tes caresses… du vent…

Qui m’apporte un dais velours

Où, sous tes doigts, mon cœur accourt

Ma nuit

Porte des bleus inscrits en lettres chairs au plus profond de mon être

Salpêtre

Traces de vie… partagée en de rares trais de serpe

Acerbes

Saignées et écumes sauvages

D’où s’égare ton visage

Noyade sèche inscrite aux commissures

De nos lèvres unies

Eperdues et souffrantes

Ma nuit

S’immole

Somnolence de l’âme

Percée d’une lame

D’une langue purpurine

Assassine

Noyade sèche donnée en pâture

De nos corps désunis

En recherche de Soi, de l’Autre… en âmes errantes

Ma nuit

S’emporte lentement sous des paillettes de temps

Ma nuit

Illumine de sons, de couleurs

Les noirs méandres du cœur

Ma nuit

Compte

Pas à pas

Les clairs

Obscurs

De lunes

Qui sombrent…

Eclairs

Sous les coups de tes regards

Qui me déglacent

Hagard…

Ma nuit

Tombe de soleils tendres

Pour, aux confins des jours, près de toi s’étendre…

Ma nuit

S’épuise à t’imaginer

Là… où les mots ne portent plus rien d’autre

Que le vent à un cœur déchiré

Par tant de beauté

Purs détails

Vitrail

Offert à une âme chavirée en pointes vermeilles

Rouges sangs qui battent un tempo

Affolant

Sous ton iris incandescent

Brins de pensées

Déposées en nuées

Halètements apeurés d’y redécouvrir

Ma nuit

Sombre des astres qui pleurent

Du tombeau le désastre

En vain

Enfin

Vivre

Affectives vivres

Sous un rocher qui se désespère

Du monde le cœur de pierre

Déposé en coupe d’éternités

De la terre l’âme laminée

Sous le corps épuisé de lutter

Vagues de chaleur en vagues latentes

M’explosent d’éternités

Pour sombrer dans la nuit latente

Latente

Nuit

Solitude anémiée… vaincue… en déroute…

Compagne de fortune… en route…

Ma nuit…

Je t’attends…

La nuit…

Je t’attends… If Yves

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