Poèmes

Lucrèce et Tarquin

par Jean-Nicolas-Marcellin Guérineau de Saint-Péravy

Romance à mettre en musique, ou, en anendant, sur l'ait de la
Romance de
Daphné".

Dans cette heureuse contrée,
Où le
Tibre en ses replis

Roule son onde dorée.
Ma vue au loin égarée
Errait parmi les débris.

Le dieu des ombres légères
M'invitait au doux repos,
Quand d'antiques caractères
Suspendirent mes paupières
Qu'allaient fermer ses pavots.

C'était la triste aventure
De
Lucrèce et de
Tarquin ;
J'en ai calqué la peinture.
Puisse ta race future
Me savoir gré du larcin.

Lucrèce eut une âme tendre
Avec un coeur vertueux :
Tarquin ne put s'en défendre,
Et le défaut de s'entendre
Fit le malheur de tous deux.

Un jour tout parfumé d'ambre
Méditant d'heureux efforts :
Il la surprit dans sa chambre,
On n'avait point d'antichambre.
On ne sifflait point alors.

Lucrèce reste muette ;
Mais prenant un autre ton,
Elle court à sa sonnette.
Il en avait, en cachette.
Exprès coupé le cordon.

À ses pieds il tombe, il jure

Qu'il sera respectueux !

Que sa flamme est vive et pure !

On dit qu'en cette posture

Un homme est bien dangereux'.

Tarquin devint téméraire :
Lucrèce a recours aux cris ;
Elle tombe en sa bergère.
Le pied glisse d'ordinaire
Sur les parquets sans tapis.

Au sein des exploits qu'il ose.
Il éprouve au même instant
Certaine métamorphose.
Si trop

d'amour en est cause.
J'aime mieux n'aimer pas tant.

Dans le courroux qui l'enflamme,
Lucrèce cède au dépit ;
On dit qu'elle en rendit l'âme.
Dans notre siècle une femme
A plus de force d'esprit.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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