Déjà la nuit en son parc amassait Un grand troupeau d'étoiles vagabondes, Et, pour entrer aux cavernes profondes, Fuyant le jour, ses noirs chevaux chassait ;
Déjà le ciel aux Indes rougissait, Et l'aube encor de ses tresses tant blondes Faisant grêler mille perlettes rondes, De ses trésors les prés enrichissait :
Quand d'occident, comme une étoile vive,
Je vis sortir dessus ta verte rive,
O fleuve mien! une nymphe en riant.
Alors, voyant cette nouvelle Aurore,
Le jour honteux d'un double teint colore
Et l'Angevin et l'Indique orient.
Si notre vie est moins qu'une journée En l'éternel, si l'an qui fait le tour Chasse nos jours sans espoir de retour, Si périssable est toute chose née,
Que songes-tu mon âme emprisonnée? Pourquoi te plaît l'obscur de notre jour, Si pour voler en un plus clair séjour, Tu as au dos l'aile bien empennée?
Là est le bien que tout esprit désire, Là, le repos où tout le monde aspire, Là est l'amour, là, le plaisir encore.
Là, ô mon âme, au plus haut tiel guidée,
Tu y pourras reconnaître l'Idée
De la beauté, qu'en ce monde j'adore.
Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017