Poèmes

Location de Première

par Pierre Reverdy

Pierre Reverdy

Le mal est fait
Les vagues dans le salon pénètrent les plus fines mailles

A travers les ouvertures blanches du spectacle
L'ombre plus bleue contre les raies qui montent sur l'étoffe

C'est de l'air
L'auditeur malade regarde par-dessus le parapet

de velours rouge de soie en flammes
Et d'en bas ce doit être

penchée

sa tête camuse
Dans ce sale orient mélangé d'algues noires

Que doit-il se passer
Figure du dernier temps un abîme me sépare de toi
Un casque en ciment armé protège ton esprit
Et que ton assurance me calme

Que ton regard ressemble à celui de tous les yeux
Quand les tiens se penchent doucement hors de la tête

Quel spectacle à regarder par les fentes du rideau jaune et vert et dans la salle
Sur les planches quel grouillement de places vides

et de têtes coupées
Que les vagues de ma poitrine baignent l'immeuble

entier tout égalisent et que les langues d'eau claquent au dernier rayon du soleil

devant la ligne plate

le ciel désert la terre lisse

Ce grand fauve



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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