Poèmes

L'Infini

par Michel Van Schendel

Michel van Schendel

Laisse-le
Il vient
Laisse-lui
La pluie le printemps le buis l’ombre
Laisse l’étreinte et l’ombre aux mots
Laisse à leurs voix la rue et l’enfant
Laisse à cet homme le repos
Laisse-le
Laisse-nous

Laisse les mots au temps
Laisse l’ombre s’éblouir
Ne l’éreinte pas
Laisse le jour entrer
Laisse l’aube à l’ami

Laisse l’empreinte sur la peau
Laisse l’eau venir aux mains
Laisse l’oubli aux morts
Souviens-toi
Laisse à la poussière la devise qui le dit
Un mot d’ordre le floue
Laisse le doigt dessiner
Le midi de l’os le vif et la mémoire

Laisse la hache et le bruit
Laisse la tête détruite
Laisse à la boue celui qui l’a détruite
Écarte-les
Laisse un fusil se tourner contre lui
Laisse transi l’artificier
Laisse au rebut les désirs d’éboulis

Laisse l’enfant près du mourant
Qu’il grandisse et l’enseigne le remplace
Qu’il l’augmente et l’écoute le récite
Laisse-le prendre la route
Semer le vent

Laisse vivre
Assèche le sel
Laisse la sève
Laisse un rosier près de la vigne
Laisse le sang monter aux joues
Laisse les yeux former le mur
Laisse la rue quêter les fleurs

Et regrette
De ne pouvoir être
À la ville et au moulin
Au four et aux charmilles
Au mors aux caresses à la mer
Quand il les faut en même temps
Regrette
La pierre et le laurier jetés aux cendres
Regrette
La persistance des grilles
Regrette
De ne pas être entendu quand tu le cries
Regrette
L’arbre et la feuille
Les mains posées
La fenêtre au vent
Une porte entrebâillée
Regrette
Mains et mondes
Demande encore le défendu.



Poème publié et mis à jour le: 24 June 2019

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