Poèmes

L'Indifférent

par Albert Samain

Sonnet.

Dans le parc vaporeux où l'heure s'énamoure,
Les robes de satin et les sveltes manteaux
Se mêlent, reflétés au ciel calme des eaux,
Et c'est la fin d'un soir infini qu'on savoure.

Les éventails sont clos ; dans l'air silencieux
Un andante suave agonise en sourdine,
Et, comme l'eau qui tombe en la vasque voisine,
L'amour tombe dans l'âme et déborde des yeux.

Les grands cils allongés palpitent leurs tendresses ;
Fluides sous les mains s'arpègent les caresses ;
Et là-bas, s'effilant, solitaire et moqueur,

L'Indifférent, oh ! las d'Agnès ou de Lucile,
Sur la scène, d'un geste adorable et gracile,
Du bout de ses doigts fins sème un peu de son cœur.

Extrait de: 
Au jardin de l'infante (1893)



Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017

Lettre d'Informations

Abonnez-vous à notre lettre d'information mensuelle pour être tenu au courant de l'actualité de Poemes.co chaque début de mois.

Nous Suivre sur

Retour au Top