Poèmes

Lilia

par André Lemoyne

À Théodore de Banville.

Le char s'en va, conduit par quatre chevaux blancs,
Sans taches, deux de front, tous quatre ressemblants.

L'hiver a déroulé son grand tapis de neige,
Où des vierges sans bruit chemine le cortège,

En fourrure d'hermine, en robes de satin,
Les pleurs glacés dans l'œil par le froid du matin.

Le ciel est gris de perle et très-calme : — les cierges
Brûlent d'un feu tranquille aux mains pures des vierges.

Les vieux genévriers, pour ce deuil virginal,
Portent rameaux de givre et feuilles de cristal.

Torrents vitrifiés et cascades gelées
Dorment en flots de marbre au versant des vallées.

D'un grand bloc de glaciers le soleil émergeant
Monte au ciel sans rayons comme un astre d'argent.

Plus haut que le soleil, en ordre sur deux lignes,
Émigrant vers le Nord, passe un long vol de cygnes.

Extrait de: 
Les charmeuses (1864)



Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012

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