Éloigné de vos yeux ',
Madame, par des soins
Impérieux (j'en prends tous les dieux à témoins).
Je languis et je meurs ", comme c'est ma coutume
En pareil cas, et vais, le cœur plein d'amertume,
A travers des soucis où votre ombre me suit,
Le jour dans mes pensers, dans mes rêves la nuit,
Et la nuit et le jour adorable,
Madame * !
Si bien qu'enfin, mon corps faisant place à mon âme.
Je deviendrai fantôme à mon tour aussi, moi,
Et qu'alors, et parmi le lamentable émoi
Des enlacements vains et des désirs sans nombre,
Mon ombre se fondra pour jamais c en votre ombre.
En attendant, je suis, très chère, ton valet.
Tout se comporte-t-il là-bas comme il te plaît,
Ta perruche, ton chat, ton chien ?
La compagnie
Est-elle toujours belle, et cette
Silvanie
Dont j'eusse aimé l'œil noir si le tien n'était bleu.
Et qui parfois me fit des signes, palsambleu !
Te sert-elle toujours de douce confidente ?
Or,
Madame, un projet impatient me hante
De conquérir le monde et tous ses trésors pour
Mettre à vos pieds ce gage — indigne — d'un amour
Égal à toutes les flammes les plus célèbres
Qui des grands cœurs aient faitd resplendir les ténèbres.
Cléopâtre fut moins aimée, oui, sur ma foi !
Par
Marc-Antoine et par
César que vous par moi.
N'en doutez pas.
Madame, et je saurai combattre
Comme
César pour un sourire, ô
Cléopâtre,
Et comme
Antoine fuir au seul prix d'un baiser.
Sur ce, très chère, adieu.
Car voilà trop causer.
Et le temps que l'on perd à lire une missive
N'aura jamais valu la peine qu'on l'écrive.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012