“Lettre à Jacques Brel….”
Brel, ô toi mon ami qui m’écoutes ce soir,
Depuis le trou lointain où tu gis dans le noir…
Laisse-moi te conter une ou deux choses atroces;
Des choses que tu n’as pas connues
Et dont personne n’aurait cru
Qu´elles seraient là un jour, au temps où j’étais gosse….
Les dames patronesses, les putains, les bigotes,
Et aussi l’archiprêtre qui, au couvent, radote...
Ils sont tous bien présents dans le monde d'aujourd'hui.
De la guerre, les tambours
Font taire les mots d'amour....
Et l´air de la bêtise règne partout ici!
Les singes de ton quartier tiennent entre leurs dents
Le monde où nous vivons, car pour eux c’est l’argent
Qui compte, maitre et roi,
Le dieu auquel ils croient….
Nous réveillerons-nous? Et sera-t-il trop tard?...
Ces vieux cons, eux, ne vont rien laisser au hasard…
La terre qui se meurt saura bien nous survivre,
Même s’il ne reste rien de nos vies, de nos livres?
Le monde où tu vivais manquait parfois de charme,
Et tu savais si bien nous faire couler les larmes,
Ou nous faire rire aux éclats.
Quand j’y pense, je souris déjà…
Mais si tu pouvais voir le monde d’aujourd’hui
De remonter sur scène, tu aurais presque envie,
Pour dire à ces salauds ce qui tu pense d´eux!
Ah, comme ce serait beau, Jacques, mon pauvre vieux….
Jean-Luc Dancy (Tous droits réservés)