Les Voyageurs, Emile Verhaeren
Poèmes

Les Voyageurs

par Emile Verhaeren

Emile VerhaerenVoyage

Et par le traître écho des horizons plongeurs,
Et par l'antique appel des sybilles lointaines,
Et par les au-delà mystérieux des plaines.
Un soir, se sont sentis hélés, les voyageurs.

Partis.

Les quais étaient électrisés de lunes,
Et le navire, avec ses mâts pavoises d'or
Et ses mousses d'ébène ornait gaîment son bord ;
Et les vagues baisaient les ponts et les lagunes.

Ce fut calme voyage, à la clarté des nuits :
Et les regards lactés des pensives étoiles
Là-haut ! et les brises du
Sud bombant les voiles
Et poussant vers la terre et vers les fleurs ! —
Depuis

Des tours, immensément faites avec des pierres.
Levant de hauts bras noirs sur des villes de feux ;
Et sous les toits plombés et dans les murs nitreux.
Ouverts, de grands yeux d'or en de rouges paupières ;

Et des plaines, où se battent les roux soleils
Avec les vents, les soirs, la foudre et le tonnerre
Et des gorges et des volcans et des suaires,
Infiniment, au loin, sur des sables vermeils ;

Et des temples d'airain écussonnés de glaives,
Et des assomptions de symboles chrétiens,
Et de vieux empereurs en de roides maintiens
Sur leurs trônes de fer, assis comme des rêves ;



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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