Poèmes

Les Vides du Printemps

par Pierre Reverdy

Pierre Reverdy

En passant une seule fois devant ce trou j'ai penché

mon front
Qui est là

Quel chemin est venu finir à cet endroit
Quelle vie arrêtée
Que je ne connais pas

Au coin les arbres tremblent

Le vent timide passe

L'eau se ride sans bruit

Et quelqu'un vient le long du mur

On le poursuit

J'ai couru comme un fou et je me suis perdu

Les rues désertes tournent

Les maisons sont fermées

Je ne peux plus sortir

Et personne pourtant ne m'avait enfermé

J'ai passé des ponts et des couloirs
Sur les quais la poussière m'aveugla
Plus loin le silence trop grand me fit peur

Et bientôt je cherchais à qui je pourrais demander mon chemin

On riait

Mais personne ne voulait comprendre mon malheur

Peu à peu je m'habituais ainsi à marcher seul
Sans savoir où j'allais

Ne voulant pas savoir

Et quand je me trompais

Un chemin plus nouveau devant moi s'éclairait

Puis le trou s'est rouvert
Toujours le même
Toujours aussi transparent
Et toujours aussi clair

Autrefois j'avais regardé ce miroir vide et n'y avais

rien vu
Du visage oublié à présent reconnu



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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