Poèmes

Les Téméraires

par René-François Sully Prudhomme

René-François Sully Prudhomme

Sonnet.

Du pôle il va tenter les merveilleux hivers ;
Il part, le grand navire ! Une puissante enflure
Au souffle d'un bon vent lève et tend la voilure
Sur trois beaux mâts portant neuf vergues en travers.

Il est parti. Là-bas, au soleil, dans les airs
Traînant son pavillon comme une chevelure,
Il a pris sa superbe et gracieuse allure
Et du côté du Nord gagne les hautes mers.

D'un œil triste je suis au loin son blanc sillage :
Il va sombrer peut-être au but de son voyage,
Par des géants de glace étreint de toutes parts !

Et près de moi, debout, l'enfant du capitaine,
Dans la brise ravi vers la brume lointaine,
Agite dans son cœur d'aventureux départs.

Extrait de: 
Les épreuves (1866)



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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