Poèmes

Les Jolies Femmes

par Victor Hugo

Belles FemmesVictor Hugo

On leur fait des sonnets, passables quelquefois ;
On baise cette main qu'elles daignent vous tendre ;
On les suit à l'église, on les admire au bois ;
On redevient Damis, on redevient Clitandre ;

Le bal est leur triomphe, et l'on brigue leur choix ;
On danse, on rit, on cause, et vous pouvez entendre,
Tout en valsant, parmi les luths et les hautbois,
Ces belles gazouiller de leur voix la plus tendre :

— La force est tout ; la guerre est sainte ; l'échafaud
Est bon ; il ne faut pas trop de lumière ; il faut
Bâmetir plus de prisons et bâmetir moins d'écoles ;

Si Paris bouge, il faut des canons plein les forts. —
Et ces colombes-là vous disent des paroles
À faire remuer d'horreur les os des morts.

Extrait de: 
1870, Les Quatre Vents de l'Esprit



Poème publié et mis à jour le: 23 July 2021

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