Poèmes

Les Fléaux de Dieu

par Jean-Louis Guez de Balzac

Un peu d'esprit et beaucoup d'autorité, c'est ce qui a presque toujours gouverné le monde, quelquefois avec succès, quelquefois non, selon l'humeur du siècle, plus ou moins
porté à endurer, selon la disposition des esprits, plus farouches ou plus apprivoisés.
Mais il faut toujours en venir là.
Il est très vrai qu'il y a toujours quelque chose de divin, disons davantage, qu'il n'y a rien que de divin dans les maladies qui travaillent les États.
Ces dispositions, cette humeur, cette fièvre chaude de rébellion, cette léthargie de servitude, viennent de plus haut qu'on ne s'imagine.
Dieu est le poète et les hommes ne sont que les acteurs.
Ces grandes pièces qui se jouent sur la terre ont été composées dans le ciel, et c'est souvent un faquin qui en doit être l'Atrée ou l'Agamemnon.
Quand la
Providence a quelque dessein, il ne lui importe guère de quels instruments et de quels moyens elle se sert.
Entre ses mains tout est foudre, tout est tempête, tout est déluge, tout est
Alexandre, tout est
César ; elle peut faire par un enfant, par un nain, ce qu'elle fait par les géants, par les héros.

Dieu dit lui-même de ces gens-là « qu'il les envoie en sa colère, et qu'ils sont les verges de sa fureur ».
Mais ne prenez pas ici l'un pour l'autre ; les verges ne piquent ni ne frappent toutes seules ; c'est l'envie, c'est la colère, c'est la fureur qui rendent les verges terribles et
redoutables.

Cette main invisible, ce bras qui ne paraît pas, donne les coups que le monde sent ; il y a bien je ne sais quelle hardiesse qui menace de la part de l'homme ; mais la force qui accable
est toute de
Dieu.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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