Poèmes

L'Eau Froide Gardée

par Salah Stétié

(extraits)

Je salue la jeunesse de la lumière
Sur ce pays de grande chasteté
Parce que ses femmes sont fermées

Elles ont des ailes croisées sur la poitrine
Pour protéger le cœur ardent des hommes
L'amour aux cils baissés l'a circoncis


Qui sauvera ce pays du martèlement
Des soldats qui s'avancent sous un triomphe

Pour arracher l'eau froide gardée — et la prendre ?

Rivière ma lumière

Douce déshabillée

Sur toi il y a le ciel qui est fort

C'est l'autre ciel : non pas le ciel d'épongé bleue


Le ciel d'épongé bleue a des bustes qui fondent

C'est l'autre ciel fermé comme une lampe
Inaltérable avec dans sa verrerie
La droite immobilité d'une flamme
Close avec soi comme l'idée de
Dieu

Mais toi va ton chemin douceur sous le ciel fort

Epuise nos secrets bleu vide et puis

Unis, amour, l'image avec le corps

Donne une fête à toute feuille ici qui tremble


Avant l'arrivée des fillettes, et leur blessure

Soleil si tu es fou beau soleil
Blessé par une tête et ses venins
Dans l'herbe entrelacés comme désirs
Ou scorpion brillant tombé des dieux

Ne déshabille une bête voilée
Ni la rivière au cou d'une colline
Par action du fer ô guerroyant
Traînant le soir impur et ses insectes

Si l'air s'aggrave à se creuser d'un nid

Où vient gémir ton insomnie diurne

Plutôt te renverser dans les campagnes

Où s'ouvrent dans les plis du vent les fourmilières

Celle qui de nul corps —

Ses fortes mains tendues de doigts déserts

Ses grands genoux s'ouvrant

La statue de sa peau ombre une roue de pierre

Puis je l'ai vue renaître

Dans le pouvoir des pommes sur le ciel véridique

Sa tête décasquée

Exposant au soleil des objets vipérins

Je l'ai vue se défaire

Que de milliers de fois renouée dans ses foudres

Le visage éclaté

Sur nous agenouillés dans les bœufs et les sangs

Fillette, sa coiffure est liseron
Sa robe est retenue par les forêts
L'observe un lion de griffes

Aujourd'hui les prairies l'applaudissent
Demain les doigts du feu la feront vive
Puis elle reviendra plus noire et grande

Aujourd'hui ses pieds d'or dans les abois
Elle court ! bousculée par l'œuf de brise
Puis le soir dans la rue de personne
Elle poussera un cercle — et un cri



Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017

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