Las!
Geneviève, hélas! ta beauté tant exquise,
Vaine contre la mort sous terre a été mise.
Cette virginité que si soigneusement
Tu avais défendue encontre maint amant,
N'a su vaincre la
Parque, et de ce beau trophée
La salle de
Pluton est ores étoffée ;
Lieu horrible ! et vraiment indigne de loger
Ce trésor qu'ici-bas tu avais eu si cher!
Ce luth, qui sous tes doigts, d'une douce harmonie
Charmait des écoutants et les yeux et l'ouïe,
Pendu oresa au croc triste et muet se deut
Et plus sous autre main fredonner il ne veut;
Il se couvre d'ordure et l'areigne venteuse
Ourdit tout à l'entour une toile poudreuseB.
Tes beaux yeux d'où l'amour épuisait mille dards,
Mille traits, mille feux et mille attraits mignards,
Pour poindre tout d'un coup, blesser, brûler,
attraire
Celui qui, fou, osait attendre leur lumière,
Desséchés sous la lame, au lieu de leur splendeur
Sont orea enveloppés d'une sale noirceur.
Ta bouche dont le miel d'une douceur exquise
Distillait odoreux confit en mignardise,
À cette heure a perdu ce qu'elle avait de beau,
Son sucre et son parfum, hôtesse du tombeau.
Ce tant pudique sein, cette main blanchissante,
Ces pieds qui en hiver faisaient dessous leur plante
Naître un émail luisant de fleurons bigarrés,
Flétrissent maintenant, au sépulcre serrés :
Et bref plus entre nous ne reste aucune trace,
Fors un bruit glorieux de ta glorieuse grâce.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012