Poèmes

La Vie Humaine

par Jacques-Bénigne Bossuet

La vie humaine est semblable à un chemin dont l'issue est un précipice affreux.
On nous en avertit dès le premier pas ; mais la loi est portée, il faut avancer toujours.
Je voudrais retourner en arrière.
Marche ! marche !
Un poids invincible, une force irrésistible nous entraîne.
II faut sans cesse avancer vers le précipice.
Mille traverses, mille peines nous fatiguent et nous inquiètent dans la route.

Encore si je pouvais éviter ce précipice affreux !
Non, non, il faut marcher, il faut courir : telle est la rapidité des années.
On se console pourtant parce que de temps en temps on rencontre des objets qui nous divertissent, des eaux courantes, des fleurs qui passent
On voudrait s'arrêter : marche, marche !
Et cependant on voit tomber derrière soi tout ce qu'on avait passé ; fracas effroyable ! inévitable ruine !
On se console, parce qu'on emporte quelques fleurs cueillies en passant, qu'on voit se faner entre ses mains du matin au soir et quelques fruits qu'on perd en les goûtant : enchantement !
illusion !
Toujours entraîné, tu approches du gouffre affreux : déjà tout commence à s'effacer ; les jardins moins fleuris, les fleurs moins brillantes, leurs couleurs moins
vives, les prairies moins riantes, les eaux moins claires : tout se ternit, tout s'efface.
L'ombre de la mort se présente ; on commence à sentir l'approche du gouffre fatal.
Mais il faut aller sur le bord.
Encore un pas : déjà l'horreur trouble les sens, la tête tourne, les yeux s'égarent.
Il faut marcher ; on voudrait retourner en arrière ; plus de moyens ; tout est tombé, tout est évanoui, tout est échappé.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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