Où sont ces vieux tombeaux et ces marbres antiques
Qui des temples sacrés décoraient les portiques ?
Ô forfait ! ces brigands dont la férocité
Viola des prisons l'asile épouvanté,
Coururent, tout sanglants, de nos aïeux célèbres
Profaner, mutiler les monuments funèbres.
Et commettre, à la voix d'un lâche tribunat,
Sur des cadavres même, un autre assassinat.
Gloire, talents, vertus, rien n'arrêta leur rage
«
Pourquoi, me direz-vous, des honneurs funéraires ?
Cette loi que jadis établit chez nos pères
Un culte fanatique et sans force aujourd'hui,
Sur nos bords éclairés doit tomber avec lui. »
Ah ! laissez ce langage au profane athéisme :
La sensibilité n'est pas le fanatisme.
De la religion gardons l'humanité.
Barbares qui des morts bravez la majesté,
Éloignez, s'il le faut, ces ornements, ces prêtres
Dont le faste à la tombe escortait nos ancêtres ;
Mais appelez du moins autour de nos débris
Et la douleur d'un frère, et les larmes d'un fils.
C'est le juste tribut où nos mânes prétendent :
C'est le culte du cœur que surtout ils attendent.
Mais qu'au moins dans les bois un monument dressé
Dise au fils : c'est ici que ton père est placé.
Les bois ! ils sont des morts le véritable asile.
Là, donnez à chacun un bocage tranquille.
Couvrez de leur nom seul leur humble monument.
Ces dômes de verdure où le calme respire,
Le ruisseau qui gémit, et le vent qui soupire,
La lune dont l'éclat, doux ami des regrets.
Luit plus mélancolique au milieu des forêts.
Tous ces objets, que cherche une âme solitaire,
Prêteront aux tombeaux un nouveau caractère.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012