Je cueillis une fleur, elle était en bouton.
Par son parfum, longtemps elle m'enivra.
Je cueillis une rose et c'était un chardon.
En glissant de ma main, elle me déchira.
Toujours je me souviens de ses heures de tendresse
Où ses épines mêmes étaient une caresse.
Quittant notre jardin devait-elle se faner ?
Et la rose à flétri et le chardon est né.
Toute chose ici-bas à la loi est soumise.
Rien ne peut exister sans cette dualité.
Pour caresser, la rose, le chardon pour blesser
Une rose a fleuri, une rose a passé,
Une rose a laissé dans un jardin secret
Ses plus suaves parfums, ses plus ardents reflets
Et puis la rose est morte, sous terre et pierres couchée.
Une étrange fragrance entoure son tombeau.
Au parfum du passé, je viens m'y enivrer.