La campagne était fraîche et tout ensoleillée ;
Le souffle du matin passait les blés verts,
Et je marchais dans l’herbe odorante et mouillée
En récitant des vers.
J’étais gai, bien portant, et libre au fond de l’âme ;
J’avais enfin dompté mon douloureux amour,
Et nul amer regret, nul souvenir de femme
Ne troublait ce beau jour.
J’ouvrais à pleins poumons ma poitrine profonde
Aux vents qui se roulaient sur les arbres en fleur,
Et je sentais aussi la jeunesse du monde
Refleurir dans mon cœur.
O toi qui veux, touchant à la terre qui crée,
Reprendre un peu de force avant les durs combats
Et boire un coup de vin à la coupe sacrée,
N’aime pas ! — N’aime pas !
Brise ta chaîne, esclave, et, seul, avec courage,
Sans attendrissements, sans remords et sans fiel,
Viens courir dans les prés comme un cheval sauvage
Sous la beauté du ciel.
Poème publié et mis à jour le: 27 November 2022