Je me doute bien, me dit
Aniado, que je ne suis pas le seul.
Il doit y en avoir d'autres à s'être baignés dans la mer des mamelles.
Je ne suis jamais longtemps sans les rencontrer sous moi comme herbes à la dérive.
Sans doute il y faut plus que quelques brasses, il faut n'avoir point peur de s'éloigner.
Recueilli, j'avance, insoucieux du retour.
C'est pourquoi je préfère les eaux d'un large fleuve, près de son embouchure, semblable à un lac, mais avec un lent courant.
Je descends le fleuve aux douces rondeurs.
Oh!
Délices.
On ne veut plus sortir de l'élément étonnant aux îlots
exquis.
Est-on déjà dans le golfe, ou encore dans l'embouchure?
On ne sait, on ne tient pas à le savoir.
On nage, on nage toujours jusqu'à ce qu'épuisé on échoue pauvrement conscient, sur le rivage, à demi dans le sable, à demi dans l'eau, cependant que vaguelettes
allant et venant vous contournent et vous envahissent en gargouillant et que la masse des eaux souffle au loin, doucement, doucement comme des voix vaguement entendues, vaguement
évoquées, on ne sait.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012