Le présage au couchant d'une sanglante gloire
Arrache à la forêt ce soupir inhumain.
Les branches qui dormaient dans la verdure noire
Se froissent au hasard de leurs aveugles mains.
Les pins que j'ai chéris redeviennent des torses
D'adolescents cruels et d'enfants immolés
Qui s'écroulent sur moi, l'un à l'autre accolés.
Dans le parfum du sang et l'odeur de l'écorce.
Leur bouche déjà morte et leurs doux flancs ouverts
Me cherchent tour à tour sans que je les confonde.
O seins chastes d'Atys, ô poitrine inféconde.
Purs espaces du corps frémissants et déserts.
Impénétrable cœur qu'une flèche traverse,
O cuisses qu'écorchaient les ronces et les houx,
Devrai-je boire au fleuve pourpre né de vous.
Moi qui n'eus jamais soif que du froid des averses ?
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012