Poèmes

La Fille de L'Emyr

par Charles Marie Rene Leconte de Lisle

Charles Leconte de Lisle

Un beau soir revêt de chaudes couleurs
Les massifs touffus pleins d'oiseaux siffleurs
Qui, las de chansons, de jeux, de querelles,
Le col sous la plume, et près de dormir,
Écoutent encor doucement frémir
L'onde aux gerbes grêles.
D'un ciel attiédi le souffle léger
Dans le sycomore et dans l'oranger
Verse en se jouant ses vagues murmures ;
Et sur le velours des gazons épais
L'ombre diaphane et la molle paix
Tombent des ramures.
C'est l'heure où s'en vient la vierge Ayscha
Que le vieil Émyr, tout le jour, cacha
Sous la persienne et les fines toiles,
Montrer, seule et libre, aux jalouses nuits,
Ses yeux, charmants, purs de pleurs et d'ennuis,
Tels que deux étoiles.
Son père qui l'aime, Abd-El-Nur-Eddin,
Lui permet d'errer dans ce frais jardin,
Quand le jour qui brûle au couchant décline
Et, laissant Cordoue aux dômes d'argent,
Dore, à l'horizon, d'un reflet changeant,
La haute colline.
Allant et venant, du myrte au jasmin,
Elle se promène et songe en chemin.
Blanc, rose, à demi hors de la babouche,
Dans l'herbe et les fleurs brille son pied nu ;
Un air d'innocence, un rire ingénu
Flotte sur sa bouche.
Le long des rosiers elle marche ainsi.
La nuit est venue, et, soudain, voici
Qu'une voix sonore et tendre la nomme.



Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017

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